Bienvenue dans cette nouvelle édition de Jeudredi : un condensé des actualités de la semaine et une sélection de notre contenu favori, avec des analyses et des liens pour vous aider à aller plus loin !
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Bonne lecture.
Cette semaine dans Jeudredi :
🏦 Crise financière ?
🌿 Des petits gestes pour être fier.
Temps de lecture : 9 minutes
Ce dont tout le monde parle
🗞 Revue de presse
🌿 Encourageant ! 1) Des scientifiques ont annoncé avoir mis au point un procédé capable d’améliorer de deux à trois fois le rendement du captage de CO₂, et ce sans impacter l’environnement. Bonne nouvelle, car le captage s’avère crucial pour la décarbonation de l’économie, selon le GIEC. 2) Une équipe de chercheurs a annoncé avoir développé des superconducteurs qui pourraient mener à des avancées révolutionnaires. Ils promettent en effet d’améliorer l’efficacité d’une variété de technologies comme les batteries, les téléphones, ou la fusion nucléaire.
Deux découvertes très encourageantes pour la planète, même si celles-ci doivent encore être vérifiées par la communauté scientifique, avant de passer le test du développement industriel (lequel pourrait prendre des années).
🇫🇷 - 🇬🇧 Retrouvailles. Emmanuel Macron et Rishi Sunak se sont rencontrés vendredi dernier, à Paris, pour le premier sommet franco-britannique depuis 2018. On a parlé principalement d’immigration, de défense, et d’énergie — trois sujets sur lesquels les deux chefs d’État entendent renforcer leur coopération. Un sommet synonyme de “nouveau départ”, pour reprendre les mots du Président français, après une détérioration des relations ces dernières années.
De bonnes relations franco-britanniques sont essentielles pour l’Europe, compte tenu notamment des enjeux de défense et d’énergie soulevés par l’invasion russe en Ukraine. Le Royaume-Uni est en effet le seul autre pays européen à détenir l’arme nucléaire, et est un partenaire dans le développement de l’atome.
🇨🇳 - 🇺🇸 Mise en garde. Xi Jinping vient d’être réélu pour un troisième mandat à la tête du Parti communiste, et en a profité pour dénoncer “l'encerclement” occidental dirigé par les Américains. Quelques jours plus tôt, Qin Gang, le ministre des Affaires étrangères chinois, avait annoncé que “si les États-Unis continuent de s'engager sur la mauvaise voie et ne freinent pas […] il y aura inévitablement un conflit et une confrontation”. Ambiance.
Selon certains, inutile de paniquer car le principal objectif de la Chine est de maintenir la stabilité du monde pour assurer son développement économique et dépasser les États-Unis dans les 25 prochaines années.
D’autres estiment que ce durcissement de ton reflète une inquiétante réalité : avec une croissance qui ralentit, la Chine n’aura jamais meilleure occasion de déstabiliser les Etats-Unis. Sa meilleure fenêtre de tir pour passer à l’offensive serait donc… maintenant.
🇮🇷 - 🇸🇦 Rapprochement. Vendredi dernier, l’Iran et l’Arabie saoudite ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques (rompues depuis 2016) et la réouverture de leurs ambassades d’ici deux mois. Important car (i) l’Iran et l’Arabie saoudite se considèrent comme les défenseurs respectifs des courants sunnite et chiite, qui s’opposent dans de nombreux conflits (et notamment au Yémen) et (ii) les discussions ont été facilitées par la Chine, dont l’objectif est d’assurer la stabilité de la région.
Un rapprochement gagnant-gagnant-gagnant pour l’Iran, l’Arabie saoudite, et la Chine, et perdant-perdant-perdant pour les États-Unis, dont l’influence s’amenuise de facto.
📑 Le dossier de la semaine : En France, dans 99% des cas, la voiture électrique est une meilleure option d’un point de vue climatique ; si vous lisez le contraire, c'est probablement de la désinformation. Cet article de Thomas Wagner explique pourquoi, et on l’en remercie.
🏦 Crise financière ?
Cette semaine, il flotte dans l’air une vague odeur de 2008…
Forcément, on vous raconte.
Qui était la Silicon Valley Bank (SVB) ?
Cette institution était une banque régionale américaine, comptant principalement parmi ses clients des startups et entreprises de la Tech en Californie et en Angleterre. Ces entreprises y déposaient l’argent levé auprès de leurs investisseurs, tout en bénéficiant de services bancaires traditionnels : prêts, paiements, transactions internationales, etc. On considère que 50% des startups américaines et 10% des startups anglaises étaient clientes de la SVB.
Le principe d’une banque est assez simple : elle emprunte de l’argent à ses clients d’un côté, pour l’investir de l’autre. Sa marge correspond à la différence entre ce qu’elle gagne sur ses investissements et ce qu’elle paye à ses clients pour qu’ils laissent leur argent chez elle. La banque a pour obligation de fournir l’argent qu’elle doit à ses clients, et ce à tout moment. Si elle n’est pas en mesure de le faire, on dit qu’elle est en faillite.
Or, c’est exactement ce qui s’est passé avec la SVB.
Qu’est-il arrivé à la SVB ?
Le mécanisme expliqué ci-dessus comporte un risque principal : si les investissements de la banque perdent de la valeur, elle peut se retrouver dans l’incapacité d’honorer ses obligations envers ses clients. C’est en gros ce qui s’est passé pendant la crise de 2008 : certaines banques étaient très exposées au secteur immobilier américain qui, en s’effondrant, les a entraînées avec lui.
Pour contourner ce risque, il existe logiquement certains garde-fous : les banques doivent investir dans des produits relativement sûrs (exemple : les bons du trésor américain), diversifier leurs investissements (pour réduire leurs expositions à un secteur en particulier) et disposer d’un matelas de réserves suffisant pour absorber les chocs (les fonds propres, ou l’equity).
Mais là, triple problème pour SVB :
La valeur des investissements sûrs de SVB s’est effondrée en quelques mois : l’augmentation des taux directeurs par la Banque centrale américaine a fait baisser la valeur de beaucoup de bons du trésor détenus par la banque (pour comprendre pourquoi, lisez ceci).
SVB était très exposé au secteur des startups, lui-même en difficulté depuis la remontée des taux. Lever des fonds est donc devenu plus compliqué pour les clients de la banque, ce qui implique que (i) certains de ces clients ayant emprunté de l’argent à la banque coulent (et donc ne remboursent pas leurs prêts, ce qui fragilise financièrement la banque), et que (ii) les autres startups “tirent” davantage sur leurs comptes en banque pour payer les salaires, fournisseurs, etc. (accentuant la pression sur les liquidités de la banque, forcée de vendre un grand volume d’actifs).
Le matelas de réserve de SVB s’amenuisait, au point de contraindre la banque à déclarer, mercredi dernier, vouloir lever des fonds auprès d’investisseurs. C’est cette annonce qui a déclenché la panique des clients de la SVB, qui ont tous demandé à récupérer leur argent au même moment, précipitant la faillite de la banque.
Un événement que l’on appelle bank run.
Un Bank Run ?
Le 23 février dernier, Byrne Hobart publie une newsletter alertant sur la fragilité de la SVB. À sa lecture, la majorité des fonds de Venture Capital de la Silicon Valley prennent peur. Certains conseillent donc aussitôt aux startups dans lesquelles ils sont investis de retirer leur argent de la banque. L’information se répand à la vitesse de la lumière dans toute l’industrie ; les clients se bousculent pour stopper l’hémorragie annoncée.
Et ce qui est intéressant, c’est que si les clients de la SVB n’avaient pas tous demandé à retirer leur argent de la banque, jamais elle n’aurait été en situation de faillite. La valeur de marché de ses investissements et de son matelas de réserve permettait toujours, sur le papier, de rembourser ses clients. Le problème est que le fait de liquider en urgence beaucoup d’investissements (qui ne sont pas toujours facilement liquidables) est impossible, à moins de les vendre pour une bouchée de pain.
Incapable de couvrir ses obligations à travers la vente de ses investissements, la SVB a dû se déclarer en faillite.
Intervention de l’État
Pour assurer la survie des startups clientes de la banque (et, par extension, des fonds de Venture Capital investisseurs dans ces entreprises), l’État est intervenu en garantissant à tous les clients qu’ils pourraient récupérer l’intégralité de leurs dépôts. L’argent nécessaire pour fournir cette garantie provient d’un fonds auquel toutes les banques cotisent, et non des citoyens comme ce fut le cas en 2008.
☝️ À noter : la branche anglaise de la banque a été acquise par HSBC pour £1 symbolique... alors que sa valeur comptable était de £1.4 milliards. Une bonne affaire.
Un remake de la crise de 2008 est-il évité ?
En théorie oui, car le reste du système financier n’était pas assez exposé à la SVB pour que sa chute entraîne d’autres institutions avec elle.
En pratique, c’est moins certain. Un vent de panique s’est répandu sur les marchés suite à la chute de la banque californienne, certains craignant que d’autres banques régionales du pays, également fragilisées par la montée des taux, puissent à leur tour être victimes d’un bank run. Cela ne semblerait pas être le cas pour l’instant, notamment grâce à l’intervention du gouvernement américain. Néanmoins, cette inquiétude s’est répandue jusqu’en Europe, où beaucoup craignent que Crédit Suisse, en forte difficulté financière depuis 3 ans, se retrouve dans une situation plus que délicate. Or, dans le monde de la finance, la taille n’a rien de négligeable : la chute d’un acteur comme Crédit Suisse aurait des conséquences bien plus importantes sur le reste de l’industrie, et sur l’économie.
💡 Pourquoi on vous parle de ça
“Quand la marée se retire, vous pouvez voir ceux qui nageaient sans maillot de bain”
Cette maxime du plus célèbre des investisseurs, Warren Buffet, illustre parfaitement ce qu’il se passe ici. Des années de taux bas et d’argent facile ont permis aux marchés d’être florissants et ont fait prendre de plus en plus de risques aux acteurs financiers. Mais la remontée des taux vient mettre fin à cette période faste, mettant en lumière les institutions les plus fragiles.
Ce qui est intéressant, c’est que ce que cette faillite est finalement assez normale: calmer les ardeurs de l’économie pour contrer l’inflation était justement l’objectif de la remontée des taux d’intérêt. En ce sens, nulle raison de paniquer — les faillites et crises sont inévitables dans un système capitaliste, et sont justement le prix à payer pour l’efficacité économique.
En théorie, les régulations mises en place après la crise de 2008 devraient empêcher les fragilités locales de se répandre dans tout le système.
En pratique, personne ne croit sérieusement que ces régulations aient changé quelque chose, ce qui explique l’affolement des marchés depuis le début de la semaine…
📚 Pour aller plus loin
🖼 Culture
Dimanche dernier, Everything Everywhere All at Once, a décroché sept Oscars : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario original, meilleur montage, meilleure actrice, meilleurs seconds rôles féminin et masculin.
De quoi éclipser les quatre Oscars décrochés par À l'Ouest rien de nouveau.
On vous a prévenu qu’on avait adoré, donc forcément on est content.
Ce dont personne ne parle
🌿 Des petits gestes pour être fier
Dans ce texte, Hannah Ritchie partage cinq raisons pour lesquelles les petits pays doivent tout faire pour réduire leurs émissions malgré leur part relativement faible dans les émissions globales. On retient principalement que :
Tous les pays qui émettent moins de 2% des émissions totales représentent 38% des émissions cumulées. Ce qui signifie que, pour arriver à un monde qui n’émet plus de gaz carbonés, la transition suppose que ces pays jouent le jeu.
Les technologies indispensables à la transition nécessitent des investissements massifs, et les petits pays développés ont tout intérêt à prendre le pli, en adoptant ces solutions rapidement et en faisant diminuer leurs coûts.
Ajoutons à cela que, de gré ou de force, le futur sera non-carboné. Développer des nouvelles technologies vertes et adopter des modèles de société plus résilients est donc essentiel d’un point de vue commercial et géostratégique.
💡 Pourquoi on vous partage ça
Parce que c’est l’occasion de vous rappeler que la France a son rôle à jouer. Nous avons bien sûr une certaine responsabilité envers le reste du monde, mais il est possible de la voir comme une opportunité : celle d’inventer de nouvelles technologies utiles pour le monde et de nouveaux standards de valeur, plus respectueux de l’environnement.
Aussi, parce que si l’on transpose ces apprentissages à notre échelle individuelle, c’est un bon moyen de se rappeler que même les plus petites actions individuelles ont un impact.
📚 Pour aller plus loin :
Réfléchissez à un petit geste tout simple que vous pourriez adopter, et commencez par là !
Se coucher intelligent
🐦 Le tweet de la semaine

Hier, OpenAI a annoncé la sortie de GPT-4 : la dernière version de son modèle d’intelligence artificielle. Une version présentée comme plus intelligente, plus puissante, et plus éthique.
Le tweet ci-dessus regroupe quelques exemples d’applications, et c’est franchement impressionnant.
Nos favoris : GPT-4 obtient 90% à l’examen du barreau et peut construire un site internet à partir d’un croquis dessiné au stylo.
🎙 Le podcast de la semaine
Si vous souhaitez profiter d’un update sur la réforme des retraites et tendre l’oreille à une discussion captivante sur l’essoufflement de la démocratie en France, nous vous recommandons vivement ce podcast.
De quoi vous faire parler
Cette semaine, Emmanuel Macron a lancé le décompte des Jeux-Olympiques de Paris : 500 jours pour réussir. Autant de jours pour nettoyer la Seine et la rendre propre à la baignade, comme le titrait cette semaine le TIME.
Du coup, on est curieux ⤵️
Le résultat du sondage de la semaine dernière : 40% d'entre vous pensent que la technologie nous sauvera d'une catastrophe climatique.
On espère que vous avez raison.
C’est tout pour cette semaine. Si cela vous a plu, liker et partagez :
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